The Indonesian Church living the faith in a very diverse nation

The Indonesian Church living the faith in a very diverse nation

Vatican news

Alors que le pape François effectue une visite apostolique en Indonésie, nous examinons de plus près les défis uniques auxquels l’Église catholique est confrontée dans cette nation dynamique et diversifiée.

Par Linda Bordoni

L’Indonésie, un archipel d’Asie du Sud-Est dont les racines historiques dans l’évangélisation remontent au XVIe siècle, présente une réalité catholique dynamique.

Depuis les premiers missionnaires comme saint François Xavier jusqu’à l’établissement de la hiérarchie de l’Église par le pape Jean XXIII en 1961, l’Église en Indonésie s’est développée jusqu’à englober 38 diocèses et un ordinariat militaire.

Dans un pays où les catholiques ne représentent que 3 % de la population (environ 8 millions de personnes) et où la population est majoritairement musulmane (87 %), l’Église doit trouver des moyens créatifs de vivre sa mission tout en respectant le paysage multireligieux et multiculturel de l’Indonésie. La liberté de culte étant garantie par l’État, les catholiques cohabitent avec les musulmans, les protestants (7 %), les hindous, les bouddhistes et les confucianistes.

Dans cet entretien, nous nous entretenons avec un expert en catéchèse, qui nous offre un aperçu de la manière dont l’Église gère ces dynamiques et donne vie à sa mission dans une société marquée par la diversité religieuse et de riches traditions culturelles.

Il est Père Dimas Danang Agus Widayantoun prêtre diocésain du diocèse de Purwokerto dans le centre de Java, à qui j’ai demandé de partager son point de vue sur l’Église et la manière dont il diversifie les réalités de son pays.

Père Dimas Danang Agus Widayanto

Père Dimas Danang Agus Widayanto

Q : Veuillez vous présenter et nous dire quelle est votre profession à l’heure actuelle. Vous avez également mentionné que votre domaine d’expertise est la catéchèse. Comment cela se concrétise-t-il en Indonésie ?

Je suis Dimas Danang Agus Widayanto, prêtre diocésain du diocèse de Purwokerto, dans le centre de Java, en Indonésie. Je prépare actuellement un doctorat en théologie pastorale et catéchétique à l’Université catholique de Paris, en France. Ma recherche doctorale explore les opportunités et les défis de la formation chrétienne des adultes dans le contexte de la cyberculture – une nouvelle culture qui a émergé à l’ère d’Internet. En effet, ce paysage numérique a fondamentalement modifié nos façons de penser, de nous comporter et d’interagir, et il a naturellement un impact sur la manière dont la foi chrétienne est vécue, propagée et transmise.

Internet a ouvert la voie à de nouvelles méthodes de formation et d’engagement des catholiques à travers diverses plateformes en ligne qui proposent une formation à la foi, des retraites et un accompagnement spirituel. Mon étude examine spécifiquement si ces formations assistées par ordinateur peuvent répondre efficacement aux objectifs premiers de la catéchèse, qui incluent l’accompagnement des fidèles vers une communion intime avec le mystère du Christ. Par conséquent, j’explore si cette nouvelle forme de formation chrétienne intègre des dimensions kérygmatiques et mystagogiques.

En Indonésie, bien que des ressources numériques soient disponibles pour la formation chrétienne et des programmes d’éducation à la foi pour différentes tranches d’âge, la catéchèse dans les paroisses repose essentiellement sur des rassemblements au sein des communautés ecclésiales de base. Ces rencontres catéchétiques, qui se tiennent régulièrement pendant les périodes liturgiques importantes comme le Carême et l’Avent, visent à approfondir et à partager la foi. Le rôle des laïcs dans la conduite et l’animation de ces rassemblements est très important.

Q : Le pape va rencontrer le clergé catholique et d’autres personnes travaillant au sein de l’Église en Indonésie. Quels sont les principaux défis auxquels ils sont confrontés ? Selon vous, que doivent-ils entendre de lui ?

Le clergé catholique et les autres membres de l’Église en Indonésie sont confrontés à plusieurs défis importants, notamment l’inclusion et la participation, les relations œcuméniques et interconfessionnelles et la résolution des problèmes sociaux. L’un des principaux défis consiste à renforcer l’inclusion et la participation active au sein de l’Église. Cela implique d’encourager une plus grande participation des membres laïcs, en particulier des femmes et des jeunes, aux activités de l’Église et aux processus de prise de décision. Ce défi consiste notamment à surmonter les styles de leadership autoritaires qui peuvent entraver l’engagement participatif. Certaines parties de l’Église en Indonésie sont encore aux prises avec un leadership qui n’encourage pas la participation active de ses membres. Un autre défi important consiste à gérer et à favoriser des relations positives avec d’autres communautés religieuses au sein de la société pluraliste indonésienne. Des problèmes tels que la politisation de la religion, la propagation de l’intolérance sur les réseaux sociaux et les malentendus doctrinaux peuvent exacerber les tensions et entraver un dialogue constructif. Enfin, dans leurs missions pastorales, les membres du clergé abordent souvent des problèmes sociaux tels que la pauvreté, l’injustice et les préoccupations environnementales. Cela les oblige à élargir leur rôle de leadership spirituel pour inclure la défense sociale et l’autonomisation des communautés.

Compte tenu de ces défis, le clergé catholique et les autres personnes travaillant au sein de l’Église en Indonésie bénéficieraient grandement de l’accent mis par le pape François sur la synodalité, de ses appels au dialogue œcuménique et interreligieux et de son plaidoyer en faveur de la justice sociale et de la protection de l’environnement. Tout d’abord, la promotion par le pape François d’une approche synodale de la gouvernance de l’Église souligne l’importance de l’écoute, du dialogue et de la participation de tous les membres aux processus de prise de décision. Ces orientations renforceraient les efforts au sein de l’Église catholique d’Indonésie pour s’engager de manière plus complète avec ses fidèles divers et dispersés géographiquement. Deuxièmement, compte tenu de la diversité religieuse de l’Indonésie, l’encouragement du pape François au dialogue et à la coopération entre les différentes communautés religieuses est particulièrement pertinent. Son message de construire des ponts plutôt que des murs pourrait aider à atténuer les tensions et à favoriser une coexistence plus harmonieuse au sein du tissu social indonésien. Troisièmement, l’engagement du pape François sur les questions de justice sociale, notamment les inégalités économiques et la protection de l’environnement, correspond étroitement aux besoins de l’Indonésie. Sa vision d’une « Église pauvre pour les pauvres » trouverait un profond écho dans les régions d’Indonésie touchées par une pauvreté importante, encourageant le clergé à être une voix active dans les questions de société. En outre, son encyclique Laudato Si” souligne l’urgence de la gestion environnementale, un problème crucial pour l’Indonésie qui fait face à des défis écologiques considérables. Cela pourrait inciter le clergé indonésien à intensifier son plaidoyer écologique.

Fidèles catholiques à Jakarta

Fidèles catholiques à Jakarta

Q : L’Église est incontestablement respectée et reconnue pour ses activités dans le domaine social, sanitaire, culturel et éducatif. Pensez-vous que la voix des évêques sur des questions telles que la peine de mort, la corruption, etc., a un impact sur les dirigeants politiques et la société ?

Les évêques indonésiens abordent régulièrement les questions sociétales, notamment dans leurs déclarations à l’issue de l’assemblée annuelle des évêques. Ils ont exprimé de vives critiques concernant la corruption, la traite des êtres humains, l’égalité des sexes, les droits de l’homme et l’intégrité environnementale. Les messages des évêques sont très appréciés pour leur position prophétique sur ces questions nationales cruciales, ce qui souligne leur crédibilité considérable. Cependant, leur influence se heurte souvent à des obstacles importants, face à ce que l’on peut décrire comme des « structures du péché » – des systèmes sociaux et des institutions bien ancrés qui perpétuent l’injustice et causent des dommages. Par conséquent, bien que leur voix soit respectée et reconnue au sein de la société, son impact direct sur les dirigeants politiques et les changements de politique est moins évident.

Q : L’un des moments forts de la visite du pape est la rencontre interreligieuse qui aura lieu le 5 septembre à la mosquée Istiqlal. Dans ce pays à majorité musulmane, fondé sur les principes du « Pancasila » qui devraient garantir la liberté religieuse et la justice sociale, quelle importance revêt cet événement ?

La rencontre interreligieuse à la mosquée Istiqlal revêt une importance capitale pour plusieurs raisons. Tout d’abord, construite pour commémorer l’indépendance de l’Indonésie, la mosquée Istiqlal symbolise l’engagement de la nation en faveur de l’harmonie et de la tolérance religieuses. Son emplacement stratégique à proximité de la cathédrale catholique de Jakarta et de l’église protestante Emmanuel, associé à son importance historique et architecturale, incarne de manière vivante les idéaux du Pancasila, qui incluent la liberté religieuse et la justice sociale. La conception de la mosquée par Friedrich Silaban, un architecte protestant, souligne la vision inclusive qui sous-tend sa construction. Récemment, la mosquée et la cathédrale ont été reliées par le «Terowongan Silaturahmi” ou Tunnel de l’Amitié, qui symbolise et facilite la coopération interconfessionnelle, notamment lors des grandes célébrations religieuses.

En outre, cette rencontre entre les chefs religieux et le pape est un puissant témoignage du principe selon lequel la fraternité humaine transcende les frontières religieuses. Elle met en évidence non seulement la nature pluraliste de la société indonésienne, mais aussi le message mondial de paix et de coexistence. La présence du pape à l’Istiqlal n’est donc pas seulement un geste de bonne volonté, mais une réaffirmation de l’engagement de l’Église catholique à promouvoir le dialogue et la compréhension entre les diverses communautés religieuses. Cet événement offre un exemple inspirant que la recherche d’une société juste et fraternelle est non seulement essentielle mais aussi véritablement réalisable, même dans une nation caractérisée par une diversité religieuse et culturelle importante.

Les musulmans participent aux prières de l'Aïd el-Fitr sur le terrain de l'église catholique du Sacré-Cœur de Jésus à Malang, dans l'est de Java

Les musulmans participent aux prières de l’Aïd el-Fitr sur le terrain de l’église catholique du Sacré-Cœur de Jésus à Malang, dans l’est de Java

Q : La coexistence pacifique, le respect et l’harmonie religieuse sont-ils une réalité concrète en Indonésie ? Le fondamentalisme représente-t-il une menace ?

En Indonésie, la coexistence pacifique, le respect et l’harmonie religieuse sont des réalités tangibles. Il est assez courant de trouver des familles dont les membres sont de confessions différentes et qui vivent en harmonie sous le même toit. Par exemple, dans ma propre famille, mon père est musulman et ma mère est catholique, chacun pratiquant sa religion respective. Cette harmonie interconfessionnelle s’étend au-delà des liens familiaux ; elle se reflète dans les interactions quotidiennes entre personnes de confessions diverses. Cette réalité illustre un mélange harmonieux de pratiques culturelles et religieuses.

Malgré ces exemples d’unité, la menace du fondamentalisme est réelle et ne peut être ignorée. Les défis proviennent de plusieurs sources : la prolifération des discours de haine contre les différentes religions sur les réseaux sociaux, la réglementation inadéquate des enseignements religieux qui promeuvent des points de vue fondamentalistes et les activités des groupes radicaux qui tentent d’influencer le paysage politique et législatif. Ces éléments constituent des menaces importantes pour notre harmonie sociale, car ils visent à démanteler le tissu multiculturel et multireligieux de la société indonésienne.

Q : Quel héritage espérez-vous que la visite du pape François laissera à votre pays ?

J’espère que la visite du pape François renforcera la foi de la communauté catholique en Indonésie, offrant un élan spirituel à notre troupeau relativement petit mais fervent. Cette visite du vénéré Pasteur de l’Église catholique est une occasion de fortifier nos croyants et de les encourager à s’engager plus profondément dans notre société, qui est riche en diversité religieuse et culturelle. Pour l’ensemble de la population indonésienne, les messages de fraternité et d’amour du pape inspireront, espérons-le, un mouvement collectif en faveur de la construction d’une nation plus juste, profondément enracinée dans les valeurs des droits de l’homme. La visite du pape François pourrait servir de catalyseur pour une plus grande unité et un plus grand respect mutuel dans nos divers paysages religieux. Cet événement crucial pourrait renforcer les fondements de la paix et de la coexistence que l’Indonésie s’efforce de maintenir.

Une banderole accueillant le pape François dans la cathédrale de Jakarta

Une banderole accueillant le pape François dans la cathédrale de Jakarta

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